samedi 1 mars 2014

Ecritures dans la ville : les inscriptions

L'UNION - édition de la Marne       samedi 25 janvier 2014

IN MEMORIAM

A l'aube des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, notre rédaction a décidé d'écrire un article sur le monument aux morts de Châlons-en-Champagne. Nous nous sommes rendus sur place dans le square de la cathédrale Saint-Etienne où le monument fut érigé. Il s'intitule "La dernière relève". Ce monument est constitué d'un groupe en bronze du sculpteur Gaston Broquet et de plaques sur lesquelles se trouvent les noms des civils ou des militaires tués pendant les différents conflits, dont celui de la Première Guerre mondiale.

     Photo J. Hugenell 2014

La statue représente quatre soldats français se dirigeant vers le front relever leurs camarades, pour un voyage sans retour. Les soldats sont légèrement plus grands que la moyenne. Au premier rang on trouve un officier de 2,10 m. On le reconnaît à sa canne et à ses jumelles. Derrière lui se trouvent les hommes de troupe portant une mitrailleuse. La sculpture est très détaillée et réaliste, qui montre l'attirail caractéristique du poilu de la Grande Guerre : le casque Adrian, la capote et le barda. 


    Photo J. Hugenell 2014

Le spectateur est saisi par le visage des soldats et leur expression qui reflète les dures conditions de la vie passée dans les tranchées, on peut y lire la peur et la fatigue. La forme générale de la composition, un triangle rectangle créé par les soldats, les fait surgir de terre pour mieux se précipiter vers le néant. Loin de glorifier cette guerre, le monument symbolise ainsi sa cruauté et son absurdité.

    Photo J. Hugenell 2014

Intéressons-nous maintenant à l'histoire du monument, inauguré en 1926, bien que le projet de construction ait été décidée en 1921. Le 7 mai de la même année, des comités sont constitués et se chargent de collecter les dons et d'inventorier les noms des morts. Après que le sculpteur E. Dagonnet eut abandonné le projet pour raisons de santé, le comité organise un concours dès l'été 1923. C'est seulement un an plus tard que le projet de Gaston Broquet est accepté, puisqu'il est le seul à avoir fait les modifications demandées. Le coût de l'oeuvre est de 125.000 francs. 

Lors de l'inauguration, une polémique se crée quant au choix du nom du monument. D'une part, les partisans du nom "Vers le sacrifice" souhaitent glorifier la guerre et les morts pour la France. Il s'agit de gens qui n'ont pas combattu, comme M. Dailly qui disait "Elle les glorifie, elle les exalte plus encore qu'elle ne les pleure" en parlant de la France pour ses morts.

D'autre part les autres, ceux qui envisageaient "La dernière relève", avaient vécu la guerre. Parmi eux figure l'artiste lui-même, qui était brancardier sur les champs de bataille, ou encore le Président de la Société des mutilés et anciens combattants. Dans son discours d'inauguration il évoque les hommes disparus avec qui il avait partagé les moments de souffrance sur le front. C'est finalement cette version qui a été approuvée. 

A nous de perpétuer, à notre tour, la mémoire de Ceux de 14.

Antoine Desfossés


C'est la dernière relève à Châlons-en- Champagne

    Photo J. Hugenell 2014

"La dernière relève" est le nom donné au monument aux morts de Châlons par son sculpteur, Gaston Broquet (1880-1947). Il était brancardier lors de la Première Guerre mondiale, et il a représenté la réalité du front dans cette oeuvre, puisqu'il a vu l'horreur de la guerre. Cette réalité est contraire à l'image que cherchait à transmettre en 1921 M. Dailly, membre du comité d'action du monument commémoratif de Châlons-sur-Marne : une image épique. Loin donc du patriotisme et de l'héroïsme, le sculpteur a voulu exprimer l'idée de contrainte et cherché le réalisme. Cependant le socle semble témoigner du contraire, selon Patrice Alexandre : "les soldats ont creusé, les sculpteurs ont élevé; un socle les sépare."

Nous vous invitons donc, chers Châlonnais, à aller voir ce monument aux morts pour vous en faire votre propre idée, mais surtout pour vous rappeler ces soldats disparus pendant la Grande Guerre, puisque ce monument est dédié "Aux Châlonnais morts pour la France." "La dernière relève" se situe à la vue de tout le monde : devant la cathédrale.

La phrase de la fin revient à Franck David : "Le monument aux morts demeure comme une cicatrice visible dans le paysage des villes et des villages. A ceux qui daignent la regarder, cette cicatrice invite à connaître son histoire."

Héloïse Lhuillier

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